Nous cherchons la voie du soleil à l'égal de ce pissenlit. Parfois, on prend racine, en des lieux où l'on ne nous attendait pas. On se faufile, on se courbe pour grandir, avancez vers notre rayon de soleil. Nous vivons dans l'ombre tout l'hiver, pour savourer le premier jour du printemps, ce rai de lumière annoncé depuis si longtemps. La préparation, à la sortie de la période de froid, est lente et fastidieuse. Ce changement de cap n'est pas simple. Les corps s'adapteront, tout de même. Les gelées matinales se font de plus en plus rares. Ces dernières, laissent la place à une fraîcheur, presque chaude. Au sortir du silence de l'hiver, le soir, les grillons chantent, le crapaud coasse, les merles sifflent leurs trilles. On perçoit le vol des insectes, hannetons et mouches, au milieu de quelques envolées de chauve-souris, quand vient la nuit. Les bourgeons entrouvrent leur bouton, petit à petit. La chenille se développe lentement sur la pierre chaude.
Nous vivons en ressemblance à une fleur. On s'émancipe du ventre de la mère, comme les pétales du bouton de rose. On reste en contact quand même, mais on s'éloigne un peu. Nous sommes le miroir de ces fameux pétales. Accueillir et partager ce refuge, cet abri que nous sommes, comme la fleur invite l'insecte à se reposer, à manger, en son sein. On se fait butiner. On crée des groupes, on reste proche des êtres vivants tout en ayant besoin de solitude. Une fleur n'est jamais seule, souvent en compagnie. Mais, elle reste solitaire, en son genre. Puis, il vient, le jour où l'ont vieilli, tel le pétale qui se flétrit. Les parfums de notre douce jeunesse s'échappent. Cependant, nous possédons en nous, cette graine. Cette graine qui, une fois en Terre, cherchera ce rai de lumière. Cette graine qui, se transmettra par le savoir ou par le corps. À son tour, tout en prenant racine, elle trouvera, au sortir de l'ombre de l'hiver, un rayon de soleil, qui l'accompagnera dans sa quête de lumière pour grandir.
